HawksEn avril dernier les HAWKS – un pauvre petit groupe de noise-rock originaire d’Atlanta – ont vaillamment traversé l’Atlantique Nord pour effectuer leur deuxième tournée française et première réelle tournée européenne. Une aubaine pour tous les fans du genre puisque Hawks est à juste titre considéré comme le fer de lance d’un style musical qui perdure malgré le temps et les modes et surtout malgré les sarcasmes de ses détracteurs, plus enclins à idéaliser la nouveauté clinquante et les paillettes pseudo-modernistes aux dépends de tout le reste : Hawks reste l’indétrônable défenseur d’un rock conservateur et réac, un rock qui suinte et qui pue, un rock qui fait mal et que résume parfaitement la sainte trilogie Qualité/Savoir-faire/Tradition.

Pour cette tournée – qui a consciencieusement évité les bas fonds stéphanois et lyonnais – les Hawks ont débarqué avec un nouvel album ou plus précisément les américains sont venus chercher celui-ci en France : pour la deuxième fois c’est en effet le label parisien Rejuvenation qui s’est courageusement jeté à l’eau et a publié ce quatrième album sans titre. Un disque qui en premier lieu intrigue quelque peu. Parce que le fan, celui qui possède déjà absolument tous les albums et singles de Hawks – faites pas les gros yeux comme ça, je vous jure que ça existe – donc le fan remarquera en effet que ce « nouveau » disque comporte moult titres déjà connus. Plus exactement, sur un total de onze plages, c’est six brulots que l’on nous ressert. Mais attention, point d’arnaque ici, cet album est très loin d’être un disque au rabais. L’illustration de sa pochette donne d’ailleurs un indice intéressant : ces onze titres ont été enregistrés dans le local de répétition de Hawks et, même si le verso précise lui « recorded by who cares @ none of your business », on sait très bien que c’est le guitariste Andrew Wiggins, nerd du son et de l’enregistrement, qui a placé quelques micros lors des répétitions du groupe pour réussir à capter toute la furie et toute l’énergie de Hawks dans des conditions très proches du live.

Hawks

Le résultat est stupéfiant parce qu’il permet de redécouvrir quelques unes des meilleures compositions du groupe mais dotées d’un son plus cru et plus corrosif encore. Et ce n’est sans doute pas un hasard si le tracklisting du disque ne comprend aucun titre de Barnburner, le premier album de Hawks mais également son disque le plus sophistiqué. Car depuis ses débuts le groupe a suivi cette tendance grandissante consistant à épurer de plus en plus sa musique, à virer toute surcouche, à ronger la viande au plus près de l’os et à nous servir des enregistrements toujours plus bruts. Push Over, le troisième album de Hawks (et déjà publié par Rejuvenation) n’était donc qu’une étape… Dans le détail on remarque des versions hallucinantes parce qu’hallucinées de certains grands classiques de Hawks telles que l’énorme (sic) Colossus – idéal pour hurler des motherfucker ! motherfucker ! à n’importe quelle heure de la journée –, le toujours entrainant (ahem) Tanked et l’imparable Plush, trois titres initialement tirés de l’album Push Over ; l’album Rub est lui dignement représenté par Holy Days et Rub ; enfin Snag est un titre plutôt rare parce que figurant à l’origine sur un split single avec Buildings. On pourra éventuellement regretter que Rattalker et Smile, les deux excellents titres que Hawks avait gravés sur single en 2013, ne figurent pas également ici.

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Reste cinq inédits dont on peut raisonnablement penser qu’ils figureront un jour dans des versions différentes sur le cinquième album que les Hawks ont prévu de publier d’ici 2015. Des titres qui synthétisent la hargne crasseuse d’un groupe tout en témoignant de sa constante inspiration (parce que trois LPs et demi plus trois singles en cinq années c’est vraiment pas mal). En ouverture du disque, le virulent Wrong est une sorte d’assaut franc et direct, un titre qui s’est d’ailleurs imposé comme la nouvelle tête de pont des récents concerts de Hawks. Service Merch et Hard Cash représentant le côté lourd, poisseux et visqueux du groupe, un domaine dans lequel les Hawks excellent plus particulièrement. Plus nuancé, Endurance For Self-abuse reste cependant mon préféré du lot tandis que Bastard Test donne à Andrew Wiggins l’occasion de s’illustrer dans un solo de guitare complètement foireux et avec ce décalage qui fait que l’on finit par en rire. Voilà qui permettra largement de patienter jusqu’au prochain album et qui surtout donne furieusement envie de revoir Hawks en concert. Ça tombe bien, une nouvelle tournée de ce côté-ci de l’Atlantique est une chose que les américains se sont promis de (re)faire le plus tôt possible. Et puis, c’est promis juré et c’est même le chanteur Michael Patrick Keenan Jr qui me l’a dit : « la prochaine fois on viendra foutre le bordel à Lyon ». Mike, tu as intérêt à tenir parole…

 

Hazam.